Les vestiges à l'intérieur du site
Les vestiges situés à l’intérieur du site forment le cœur de Labraunda et s’étagent sur 5 terrasses artificielles construites ou réaménagées dans le courant du 4e s. av. J.-C.
Les travaux accomplis, en l’espace de quelques décennies, par les Hékatomnides au cœur de Labraunda sont hors du commun. On estime en effet que, de la prise de pouvoir de Mausole, vers 377 av. J.-C., à la mort d’Idrieus, vers 344 av. J.-C., y furent réalisés plus de 19 000 m2 de terrassement sur lesquels on n’érigea pas moins de quatorze bâtiments.
Le centre monumental de Labraunda occupe ainsi un espace mesurant environ 185 mètres dans l’axe est-ouest et 135 mètres dans l’axe nord-sud, auquel il faut ajouter la zone septentrionale – dont on connaît mal l’étendue à l’époque hékatomnide. Il s’étage sur cinq terrasses principales orientées est-ouest et offre un dénivelé total de plus de 20 mètres, depuis le mur de soutien de la terrasse d’entrée jusqu’au sol du naos du temple de Zeus, dont l’altitude est de 680 mètres d’altitude. La terrasse du temple était, en outre, protégée des terres situées en amont de la pente, vers le nord, par un mur de plus de 4,50 mètres de haut.
Chacune des terrasses a été bâtie sur le même modèle. Il s’agit, pour l’essentiel, de grands espaces vides quadrangulaires délimités par d’imposants bâtiments situés à leurs extrémités. L’espace de la terrasse 1, au nord du propylée sud, présente cependant une configuration différente. Elle semble avoir fonctionné comme un vestibule clos de toutes parts, d’où il était impossible d’avoir une vue d’ensemble du site et dont la seule issue apparente était l’escalier monumental. Au contraire, les terrasses 2, 3 et 4 semblent avoir été conçues de manière à ce qu’aucun bâtiment n’obstrue la vue sur l’étendue du site. Outre les murs de soutien des terrasses, nécessaires à l’aménagement du site et dont l’élévation ne devait pas dépasser les niveaux de circulation, les seules élévations barrant la vue ont été érigées au sud de la terrasse sud, à l’est et à l’ouest de la terrasse centrale et au nord, à l’est et à l’ouest de la terrasse haute. Ainsi le centre monumental de Labraunda offrait l’aspect d’un imposant espace ouvert alors que, de l’extérieur, il devait apparaître comme un bloc massif, tel une fortification ceinte de très hauts murs, dont l’unité était brisée seulement par les entrées monumentales formées par les propylées sud et est.
La communication d’une terrasse à l’autre semble avoir été systématiquement assurée par la présence d’escaliers relativement larges dont l’aménagement devait permettre à une population nombreuse de circuler aisément. La configuration et la taille de ces escaliers sont sans aucun doute liées à l’organisation du festival annuel de Labraunda, qui devait attirer un nombre important de visiteurs. En sus de ces imposants aménagements qui permettaient de canaliser la foule, on note la présence, au sein du site, de plusieurs structures qui s’apparentent à des passages de service. Il en est ainsi, par exemple, de l’escalier situé au nord du bâtiment des oikoi. Par ailleurs, on observe des systèmes de communication construits à l’intérieur même des terrasses, dont les façades externes masquent des infrastructures composées de pièces souterraines qui permettaient souvent de communiquer d’une terrasse à l’autre. Tel est le cas des escaliers construits dans l’épaisseur du mur des maisons terrasses (escalier est et escalier ouest). Il est possible que de tels aménagements aient également existé au niveau des complexes est et ouest, entre les terrasses 1-2 et 1-3.