Sanctuaire de Kybele
Vue aérienne, depuis le sud, du sanctuaire de plein air attribué à Kybele (2019)
Sur la face ouest du rocher fendu se trouve une grande niche taillée dans la roche (1,9 m de large, env. 1,2-1,3 m de haut sur 0,5 m de profondeur) et un certain nombre d’aménagements qui suggèrent la présence d’un sanctuaire en aire ouverte dont la morphologie n’est pas sans rappeler les lieux de culte dédiés à Kybele dans les Hautes Terres de Phrygie. Cette interprétation repose en outre sur le fait qu’au moins deux fragments de statuettes en terre cuite personnifiant Kybele ont été découvertes lors des fouilles anciennes et récentes à Labraunda et laissent donc supposer l’existence d’un culte dédié à la déesse anatolienne.
L’étude de ce secteur a révélé l’existence de trois murs parallèles, établis dans une direction est-ouest, qui ont tous dû fonctionner comme des murs de terrasse. Le mur le plus au nord est aligné avec l’extrémité nord du rocher, le second est situé à mi-pente, tandis que le troisième s’aligne avec l’extrémité sud du rocher, à l’endroit où celui-ci plonge 20 m plus bas. Au sud du mur nord, et dans un niveau contemporain à ce dernier, un grand pithos a été mis au jour. Il trouve des parallèles à l’époque hékatomnide et suggère donc une datation du mur nord à cette période. Cette datation est confirmée par la découverte d’un statère en or de Philippe II de Macédoine, mis au jour au pied du mur sud. Cette monnaie, sans doute frappée à Pella est datée des années 340-328 av. J.-C. Le pithos était placé un mètre au-dessus d’un mur d’aspect primitif, suivant un axe nord-sud, sur lequel le mur nord avait été fondé. Ce mur ‘primitif’ est formé de larges blocs à peine dégrossis et calés avec de petites et grosses pierres. Le matériel qui lui est associé est pour le moins surprenant puisqu’on y trouve pêle-mêle plusieurs fragments de poteries préhistoriques datant de l’âge du Bronze, un fragment daté du Chalcolithique final et un morceau d’obsidienne. Ces découvertes, si elles ne permettent pas de démontrer la présence d’un culte lié à Kybele, témoignent d’une activité humaine à Labraunda dès la seconde moitié du 5e millénaire av. J.-C.
Les constructions et le matériel mis au jour dans ce secteur couvrent une très large période chronologique qui s’étend jusqu’à l’époque hellénistique. On note toutefois un surprenant hiatus entre le début de l’âge du Bronze et la période archaïque. La présence d’un matériel aussi ancien, associé à du bâti, semble indiquer que ce petit sanctuaire représente une partie des racines du sanctuaire de Zeus Labraundos.