Andrôn A
Au sud des oikoi se tient une seconde salle de banquet, l’andrôn A, qui fut sans doute construit par Idrieus (351-344 av. J.-C.). C’est le bâtiment le mieux conservé du site dont le mur sud s’élève encore aujourd’hui à 7,90 m au-dessus du sol du pronaos. En plan, il est presque identique à l’andrôn B, mais il est légèrement plus grand : 12,26 m de large et 22,13 m de long en incluant la niche. Sa hauteur originelle était de 10 m jusqu’à l’apex du fronton de la façade. Une des rares différences qui le distinguent de l’andrôn B réside dans l’épaisseur particulièrement importante (1,85 m) du mur de séparation entre le pronaos et le naos.
Dans l’antiquité, la topographie des environs du bâtiment était différente. La grande terrasse au sud de l’andrôn n’existait pas (il s’agit d’une création des années 1960). À l’origine, l’andrôn se tenait sur un haut podium de plus de 4 m. Aujourd’hui, seule l’assise supérieure de ce podium est visible. La façade du bâtiment, construite entièrement en marbre, était composite. Elle présentait une colonnade ionique supportant un entablement dorique composé d’une architrave surmontée d’une frise de triglyphes et de métopes et d’un geison. Le toit était recouvert de tuiles en marbre. L’inscription de l’architrave, dont seules trois sections courtes ont été conservées (en gras), a permis l’identification de ce bâtiment :
[IΔPIEYΣ EKATOMNΩ MYΛAΣEYΣ AN]EΘHK[E TON] ANΔPΩ[NA ΔII ΛAMBRAYN]ΔΩI
[Idrieus, fils de Hékatomnos, Mylasan,] dédie l’andron à [Zeus Lambraun]dos
Le nom du bâtisseur n’a malheureusement pas été conservé. Divers détails relatifs au style architectural et à sa chronologie, à la position topographique, aux probabilités épigraphiques et l’absence d’autres alternatives raisonnables sont autant d’indices pointant vers Idrieus comme étant le commanditaire le plus probable.
Depuis sa découverte au 18e s., l’andrôn A a fait l’objet d’une grande attention en partie à cause des dix grandes fenêtres qui percent ses murs : trois sur chaque mur latéral de la pièce principale, deux sur les murs du pronaos et deux sur le mur séparateur entre le pronaos et le naos. Ces dernières n’étaient pas aussi grandes qu’elles apparaissent aujourd’hui, environ 1,7 x 2,1 m sur l’extérieur, puisqu’elles disposaient d’un châssis en marbre, et il est fort probable qu’elles étaient également dotées de volet en bois.
Les vestiges architecturaux fournissent des indices assez solides pour évaluer la hauteur originale des colonnes qui était d’à peu près 7,50 m de la base au chapiteau. Le stylobate en marbre de la façade a disparu mais son emplacement est visible en négatif. Le seul chapiteau partiellement conservé se trouve à droite de l’entrée. Sur sa partie latérale on trouve des décorations de fleurs de lotus et de palmiers, semblables à celles du chapiteau de l’andrôn B. Plusieurs blocs de frise sont encore bien conservés. Sur les côtés des triglyphes on remarque de petites projections en forme d’anneaux (des « oreilles ») qui semblent avoir été prévues pour accrocher des guirlandes suspendues devant les métopes adjacentes.
L’entrée du naos mesure environ 3,70 m de large et 5,70 m de haut, mais elle était à l’origine légèrement plus petite du fait de la présence de l’encadrement en marbre de la porte qui a disparu aujourd’hui.
Deux des poutres en gneiss du linteau sont toujours en place alors que d’autres fragments peuvent être aperçus à l’intérieur du bâtiment. Les murs du naos, composés de blocs de gneiss, semblent avoir été revêtus d’un enduit épais de plâtre. Au pied des murs internes courrait une plateforme basse en plâtre d’un mètre de large, légèrement surélevée, qui portait les klinai. Comme dans l’andrôn B, le bâtiment fut conçus pour recevoir 20 banquettes qui pouvaient accueillir une quarantaine de participants au banquet (deux par lits).
La niche rectangulaire, aménagée dans le mur du fond, mesure près de 4,80 m de large, 1,30 m de profondeur et elle est placée à environ 2,30 m au-dessus du niveau du sol. Elle encadrait sans doute une statue de Zeus, et probablement aussi les statues du couple royal, Idrieus et Ada.